En 2021, les Ecossolies ont répondu à l’appel du Cnam Pays de la Loire (Cnam PDL) pour participer à un consortium d’innovation et proposer un projet d’ingénierie de formations et d’accompagnement innovant dans le cadre du Programme d’Investissement d’Avenir 3, intitulé « Apprendre demain : innovons ensemble ».
Accompagné par le Cnam des Pays de la Loire, les Ecossolies ont décidé de mettre en œuvre un « Parcours incubateur multimodale ».
Dans cet article, nous présenterons succinctement les Ecossolies, son incubateur tel qu’il existe en 2021 ainsi que le projet d’un nouveau parcours incubateur multimodal avec les questions et hypothèses de départ.
Les Ecossolies
Les Ecossolies sont une association, créée en 2002, qui propose un espace de dialogue privilégié entre la collectivité et les acteurs de l’économie sociale et solidaire. L’association s’attache à développer et promouvoir l’économie sociale et solidaire (ESS) dans la région nantaise.
En 2021, presque 20 ans après sa création, le réseau des Ecossolies, réunit plus de 300 adhérents. Tout au long de l’année, les Ecossolies déploient un plan d’action pour répondre aux orientations stratégiques fixées par la gouvernance : des événements entrepreneuriaux, des services tel que du conseil juridique et des programmes d’accompagnement, de la création à l’avancement de projets (popcorn, incubateur, accélérateur etc.). Si vous souhaitez en savoir plus, rendez-vous sur le site web de l’association : https://www.ecossolies.fr
Un incubateur ?
L’incubateur des Ecossolies est un programme d’accompagnement de 12 mois pour sécuriser le lancement de projets d’innovation sociale. Chaque projet accompagné bénéficie d’un accompagnement stratégique pour faciliter son lancement. Depuis 2014, 6 à 10 projets intègrent le programme chaque année.
Le parcours de l’incubateur en 2021
Les 12 mois d’accompagnement sont articulés autour d’un parcours collectif et d’un parcours individuel.
Le parcours collectif propose une phase de pré-sélection de 4 jours, intitulé le “Bootcamp”, suivi d’un comité d’entrée. Les porteurs des projets sélectionnés suivent entre 1 à 2 jours par mois (17 jours sur l’année), des modules sur la structuration de leur entreprise, sur la gestion financière et sur l’entrepreneuriat collectif. Ces modules sont animés par des experts et référents du réseau des Ecossolies. À mi-parcours, les « incubés » présentent leur projet devant un « comité de suivi » composé de nombreux adhérents, formateurs, financeurs et référents du réseau.
Le parcours individuel propose à minima un suivi avec un responsable des Ecossolies qui correspond en moyenne à un rendez-vous mensuel de 2h/mois soit 3.5 jours dans l’année.
Le projet d’un parcours incubateur multimodal : les questions de départ et les hypothèses pour une première mise en œuvre
C’est principalement sur le parcours collectif de l’incubateur que cette question de la multimodalité a été soulevée. Les modules collectifs proposés sont des ateliers organisés comme des formations d’une demi-journée ou d’une journée, en salle de réunion et animés par un expert du sujet.
Le profil des « incubés » est diversifié. Ils n’ont pas le même parcours de vie, ni la même expérience. Ils ne sont pas forcément de la même génération. Ils n’ont pas le même rapport à la formation et leur niveau dans certains domaines est hétérogène. Il semblait pertinent de diversifier les modalités de l’accompagnement pour répondre à cette hétérogénéité.
L’objectif de l’incubateur, au-delà de lancer des projets d’innovation sociale, est d’amener les porteurs à changer de posture, d’apprendre à être des dirigeants de l’ESS afin de sécuriser leurs projets.
C’est donc la 1ère hypothèse posée : un dispositif d’accompagnement multimodal permet de sécuriser le lancement d’un projet entrepreneurial d’innovation sociale.
Les Ecossolies, en tant que réseaux d’entreprises de l’ESS, porte cette idée que l’écoute, l’échange et le partage est primordiale pour « apprendre ». C’était alors le 2nd objectif et à la fois la deuxième hypothèse du projet : un parcours d’accompagnement multimodal permet d’impliquer plus de parties-prenantes dans le dispositif, et de renforcer un apprentissage par les pairs.
Alors quelles modalités mettre en œuvre pour accompagner le changement de posture, sécuriser les projets, renforcer l’implication des parties-prenantes du réseau et favoriser l’apprentissage par les pairs ?
La première des idées était évidemment de garder les modules existants, qui participent d’un apport de connaissances essentielles pour développer un projet d’entreprise dans l’ESS. Cependant, il fallait proposer aux incubés, d’autres modalités d’apprentissage collectives, comme individuelles, qui pourraient s’articuler avec les modules existants.
Les autres modalités envisagées sont :
- Des séances de Retour sur l’expérience (REX) avec d’anciens incubés.
- Des séances de co-développement (CODEV).
- Des visites apprenantes en collectif dans des structures partenaires.
- Des immersions, à savoir l’envoi individuel des incubés dans des structures proches de leur projet afin de rencontrer les créateurs et d’en apprendre toujours plus sur les enjeux.
- Du blended learning : re-ingénierer certains modules en intégrant une partie à distance afin de répondre aux difficultés d’organisations des incubés et de privilégier les échanges durant le présentiel.
- Du mentorat : attribuer un mentor, dirigeant-fondateur d’entreprise ESS, à chaque incubé.
Ces idées sont évidemment nées d’hypothèses que les Ecossolies ont souhaité expérimenter et vérifier.
Côté incubés et projets :
Les REX (1) comme les visites apprenantes (2) vont permettre d’ancrer dans le réel des notions vues en atelier collectif qui peuvent sembler trop théoriques.
Le Codev (3) va montrer aux incubés la force du collectif et les convaincre de l’intérêt de la coopération et du travail en réseau.
L’immersion (4) permet aux incubés une meilleure compréhension des enjeux et des réalités professionnelles d’un dirigeant et va renforcer leur posture.
Le mentorat (6) permet un changement de posture entrepreneuriale par effet miroir.
Le blended learning (5) va clarifier les attendus, permettre une meilleure appropriation des notions complexes (par la réécoute possible) et faciliter l’atteinte de compétences de plus hauts niveaux.
Côté Ecossolies :
Ces modalités (1)(2) et (3) favorisent un apprentissage par les pairs et vont faciliter l’animation d’un réseau d’entrepreneur de l’ESS.
L’immersion (4) est un cadre de mobilisation adapté aux acteurs de l’ESS qui souhaitent soutenir les projets d’innovation sociale sur leur territoire.
La reconnaissance par open badge dans le projet de parcours incubateur multimodal
Les Ecossolies ont souhaité expérimenter la démarche de reconnaissance par open badge au sein de l’incubateur.
Le réseau accompagne depuis plusieurs années de jeunes entrepreneurs pour qu’ils sécurisent et développent leurs projets et s’assure qu’ils apprennent à être des dirigeants de l’ESS. Mais quelles sont les compétences spécifiques de l’entrepreneur dans l’ESS ? Nous faisons l’hypothèse que la démarche de reconnaissance par open badge conduira à une définition collective et partagée des « compétences entrepreneuriales » travaillées dans le parcours incubateur et pourra garantir aux incubés une reconnaissance spécifique de leur engagement au sein du parcours.
La mise en œuvre de la multimodalité a démarré en novembre 2022. Le parcours imaginé sera présenté dans un 2ème article.