Former à l’usage raisonné de l’IA 

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Comment aider les apprenants à adopter un regard critique sur l’usage de l’intelligence artificielle ? Frédérique PONTOIZEAU, responsable de formation au Cnam des Pays de la Loire, a expérimenté une démarche originale avec les étudiants du Master Marketing Vente. En collaboration avec sa collègue Emmanuelle DROUET, elle a conçu un atelier de réflexion consacré à l’IA, intégré aux séances de retour d’expérience (REX) organisées après les périodes en entreprise. Plus qu’une démonstration, cet atelier invite à questionner les usages concrets de l’IA, ses limites, mais aussi les leviers qui en font un outil pédagogique pertinent et maîtrisé. 

Living Lab du Cnam : pourquoi avoir proposé un atelier sur l’IA dans le cadre des REX ? 
Frédérique : À chaque retour d’expérience, nous organisons deux temps : d’abord un échange autour des missions réalisées en entreprise, puis un travail sur une thématique transversale. Selon les promotions, nous abordons des sujets tels que les transitions écologiques, les stéréotypes ou encore la dynamique de groupe. Cette année, nous avons choisi d’introduire un REX consacré à l’intelligence artificielle pour les étudiants en master Marketing Vente. 
L’enjeu n’était pas qu’ils deviennent de simples utilisateurs de ChatGPT, mais qu’ils prennent du recul : comprendre les intérêts comme les limites de ces outils, analyser leur fonctionnement et se positionner de manière critique. Bref, les amener à réfléchir plutôt qu’à consommer. 

 Living Lab du Cnam : Comment s’est déroulé concrètement l’atelier ? 
Frédérique : L’atelier durait une heure et demie. Nous avons commencé par un échange collectif : chacun a partagé ses usages, ses questionnements, ses inquiétudes vis à vis de l’IA. Les apprenants se sont montrés lucides, capables de pointer les apports mais aussi les risques d’un recours trop systématique à l’IA. 
Ensuite, trois défis leur ont été proposés en petits groupes (2 à 5 personnes) autour de l’ingénierie du prompt : 

  1. Écrire un ouvrage sur le marketing digital : définir un thème, préciser les critères, affiner les prompts pour obtenir un sommaire et une fiche mémo sur la rédaction d’un post pour les réseaux sociaux. 
  1. Concevoir un assistant conversationnel : un outil pour les accompagner dans la création de contenus. Beaucoup n’avaient jamais expérimenté cette approche, même parmi ceux qui occupent déjà des fonctions de community manager. 
  1. Formaliser les invariants d’un bon prompt et comparer l’usage de ChatGPT à celui d’un moteur de recherche. 

C’est dans ce troisième défi que les réflexions les plus riches ont émergé : consommation d’énergie, question de la fiabilité des données, nécessité d’un esprit critique face aux erreurs ou imprécisions. Certains ont même fait spontanément le lien avec des thématiques écologiques abordées dans d’autres ateliers. 

L’atelier s’est conclu par un partage collectif autour des règles d’un prompt efficace, des limites identifiées et d’un inventaire des IA utiles. Nous leur avons également présenté la « version Cnam » de l’ingénierie du prompt et sensibilisé à l’importance de mentionner leurs usages de l’IA dans leur mémoire, notamment en webographie.  

Living Lab du Cnam : Quelle suite envisagez-vous pour ce type d’atelier ? 
Frédérique : Avec Emmanuelle, nous avons constaté la pertinence du format. Mais l’an prochain, peut-être faudra-t-il l’intégrer différemment. L’IA pourrait ne plus être un thème isolé, mais un fil conducteur traversant tous les REX. Les étudiants progressent vite dans l’usage des outils. Ce qui leur manque, en revanche, c’est le recul. Et c’est précisément là que nous avons un rôle à jouer. 

Notre objectif n’est pas de les former à une application en particulier, mais de les amener à se questionner : est-ce que je l’utilise à bon escient ? Est-ce que j’aurais pu faire autrement ? Moi-même, je leur dis que j’utilise l’IA, mais en me demandant toujours si c’est pertinent. C’est cette posture que je souhaite leur transmettre. Car l’IA s’installera durablement dans toutes les dimensions de leur travail : ils doivent savoir l’utiliser, mais surtout comprendre pourquoi ils l’utilisent. 

 

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