Il existe sur le marché de la formation pléthore de jeux de simulation pour aborder la gestion des entreprises. Inès Boussorra, responsable de la filière économie et gestion au Cnam Pays de la Loire, a choisi Win-Firm. Ce business game existe depuis une vingtaine d’années. Il met les élèves à la tête d’une entreprise fictive et les invite à prendre des décisions de gestion. Il permet d’appréhender ainsi très concrètement des concepts de gestion tels que la stratégie, le marketing, la comptabilité, la finance… Retour d’expérience pour comprendre les intérêts et les limites de ces jeux.
Sofa : Comment avez-vous connu ce jeu ?
Inès : Je l’ai découvert dans une école où je travaillais auparavant. Il était utilisé auprès d’ingénieurs en génie civil. J’ai constaté que les élèves comprenaient beaucoup mieux les notions vues en cours avec ce jeu. J’ai voulu en faire profiter les élèves du Cnam et notamment ceux de la Licence de gestion en organisation. Le Cnam a acheté la licence qui donne accès à un logiciel permettant de l’animer.
Sofa : Comment fonctionne ce jeu ?
Inès : Les élèves doivent créer et gérer une entreprise dans un environnement concurrentiel. Je constitue des groupes de 4 ou 5 élèves qui chacun portent une entreprise. Ils doivent la faire vivre pendant une période de 6 ans. Ils vont prendre des décisions de stratégie, par exemple choisir le marché de luxe ou de bas de gamme ; des décisions de gestion, par exemple en terme de prix, de packaging,… Des décisions en terme de ressources humaines : est-ce que je recrute ? est-ce que je licencie… Est-ce que j’augmente les salaires ? Et tout cela sans déposer le bilan bien sûr !
Sofa : Comment se déroule-t-il ?
Inès : Le jeu se déroule sur une semaine, avec plusieurs étapes. Ils saisissent leur décision sur le logiciel et découvrent les conséquences de leur choix à chaque étape. Ensuite un formateur leur explique l’implication de ces décisions et fait du lien avec les cours.
Sofa : Quel est l’intérêt de ce jeu par rapport aux autres ?
Inès : Il offre six scénarii différents et s’adapte au public. Il a des versions adaptées aux ressources humaines, à la comptabilité ou aux finances, par exemple. Les élèves apprécient beaucoup le côté ludique et le challenge est important. On les voit parfois parler à voix basse pour ne pas être entendus de leurs concurrents ! A l’inverse, on les entend crier lorsqu’ils découvrent les résultats, comme dans un match de foot ! Surtout, ils comprennent des notions très difficiles à expliquer au travers de ces cas concrets, comme par exemple le besoin en fond de roulement. Ce n’est plus un enseignement théorique, mais pratique.
Sofa : Comment se passe l’évaluation ?
Inès : A la fin du jeu, un jury d’enseignants se positionne en tant qu’acheteurs de l’entreprise. Les élèves doivent les convaincre de la bonne gestion de leur entreprise et de sa viabilité pour les années à venir. Le logiciel donne aussi des notes, sur des critères d’évaluation connus des élèves en amont. Mais attention, il peut donner de très mauvaises notes !
Sofa : Quel est le rôle du maître du jeu ?
Inès : J’anime, je réponds aux questions des groupes, je gère le temps. Il peut être utile d’avoir des compétences dans le domaine et notamment en comptabilité, car c’est l’élément le plus difficile dans le jeu. Mais il faut aussi maîtriser le jeu, son paramétrage, pour bien challenger les élèves et leur permettre de progresser.
Sofa : Ce jeu pourrait-il se faire à distance ?
Inès : oui, on peut l’animer à distance au travers de l’Environnement Numérique de Formation. Il faut évidemment créer des espaces de travail par groupe pour que les élèves puissent saisir leurs ordres en ligne. Le maître du jeu doit ensuite récupérer les données et générer les résultats. On peut ensuite faire une classe virtuelle afin de donner les résultats à l’ensemble des élèves.
Sofa : Quel point de vigilance à l’usage du jeu ?
Inès : En présentiel, il est préférable d’avoir une bonne organisation logistique : des salles les unes à côté des autres et une bonne connexion internet. Et veiller à ne pas avoir plus de deux entreprises par salle pour éviter que les informations ne soient divulguées et qu’il y ait du piratage industriel !