Qui n’a pas un jour piqué du nez en réunion ou en formation devant un intervenant déroulant ses slides les uns après les autres de manière soporifique ? En formation, les présentations PowerPoint accompagnent souvent des savoirs descendants. Et ce n’est pas toujours facile de maintenir l’attention des apprenants dans la durée avec ce type d’outil. Pourtant enseignants comme apprenants y sont attachés. Il connaît un vrai succès jamais démenti depuis 30 ans. Alors peut-on s’en passer ? A quoi peut-il servir ? Faut-il en finir avec le PowerPoint ?
Pourquoi utilise-t-on le PowerPoint comme un karaoké ?
Un formateur construit souvent sa séance en partant de l’outil : son premier réflexe est d’ouvrir le PowerPoint et d’écrire ses idées. Il l’utilise pour structurer et concevoir son cours et y noter tout ce qu’il veut transmettre à ses apprenants. Et il sait qu’une séance de cours, c’est un PowerPoint avec 60-70 slides, même si ce n’est pas forcément très… dynamique.
Il se dit aussi souvent que s’il y met beaucoup d’informations (et souvent du texte), cela constituera du même coup un support de cours qui pourra être laissé à l’apprenant.
Bref, le Powerpoint est rassurant pour le formateur, il pense qu’ainsi il n’oubliera rien, mais aussi pour l’apprenant qui pense disposer de traces fiables du cours.
PowerPoint est-il le meilleur outil pour transmettre ?
D’abord d’un point de vue cognitif, il est difficile d’écouter et de lire en même temps. Et si les apprenants peuvent lire ce que le formateur est en train de dire, alors à quoi sert-il vraiment ?
Ensuite, PowerPoint est un outil de présentation, très linéaire, qui transforme souvent le formateur en simple présentateur et qui impose une posture descendante.
Enfin si le but est de réaliser un document écrit à laisser au stagiaire, autant ne pas utiliser un outil de présentation. Il faut donc utiliser le support pour renforcer un propos et apporter une valeur ajoutée.
Un bon PowerPoint doit-il contenir du texte ?
Si l’on veut vraiment utiliser un PowerPoint, il faut qu’il apporte une réelle valeur ajoutée. Mieux vaut une bonne présentation orale, bien travaillée, à un PowerPoint surchargé que l’on se contente de lire devant son auditoire. Alors il existe quelques règles pour faire un PowerPoint :
Première question à se poser : le PowerPoint sera-t-il un support de cours ou un support à l’oralité ?
Conseils d’organisation
- Soigner la page de titre
- Intégrer le plan de la présentation
- Identifier les différentes parties du PowerPoint
- Répéter les informations importantes
Conseils sur le contenu
- 1 idée = 1 slide
- La règle des « 6 maximum » :
- 6 points par slide
- 6 mots par point
- Message courts & mots clefs
- Langage clair et compréhensible
Conseils d’ergonomie : la forme
- Chosir un thème simple et stable
- Intégrer des photos ou des images
- Ne pas intégrer trop d’animations
- Choisir des animations discrètes
Conseil d’ergonomie : le texte
- Utiliser une police de grands caractères, sans empattement
- Penser au contraste entre la couleur de police et la couleur de fond
- Aligner le texte à gauche ou à droite
Des alternatives à Powerpoint ?
Rappelons qu’il existe d’autres outils que PowerPoint ! En voici quelques-uns qui peuvent constituer des alternatives. Ces outils (présentés dans d’autres billets de blog…) sont souvent plus interactifs. Mais l’enjeu en formation est ailleurs. Il n’est pas dans l’outil, mais dans l’intention pédagogique.
Les objectifs et le déroulé pédagogiques d’abord !
PowerPoint n’est qu’un outil. Et la question de l’outil ne doit intervenir qu’à la fin de la conception de la séance, une fois le contexte, les objectifs et les méthodes pédagogiques identifiées. Et même une fois que les activités à mettre en place pour atteindre ces objectifs sont posées… Alors seulement à ce moment-là, on peut poser la question des outils que l’on va mobiliser. La plupart du temps on fait l’inverse, on s’enferme à l’intérieur du PowerPoint. Le PowerPoint ne devrait arriver dans le déroulé des enseignants que s’il y a une activité qui justifie de descendre du contenu. Sinon il ne devrait être qu’un outil parmi d’autres.
Et pour les apprenants ?
Eux aussi sont très friands de PowerPoint… Et si les formateurs leur demandaient de faire leur soutenance en s’en passant ?
“Mieux vaut une bonne présentation orale, bien travaillée, à un PowerPoint surchargé que l’on se contente de lire devant son auditoire.”
Complètement d’accord.
Avant de commencer à dispenser mes premières formations, on nous faisait faire un exercice tout bête : préparer un exposé de 30 mn (à présenter devant les apprenants qui nous évaluaient) sur un grand problème contemporain avec pour seul support, un paper-board et des fiches (à regarder le moins possible pendant l’exposé) rédigées sous forme journalistique, c’est à dire grosse écriture et le tout synthétisé.
L’école du direct, avec un tout petit filet (les fiches !!!!) …..
Hé bien, croyez le ou pas, je n’ai jamais été aussi à l’aise pendant une formation, que pendant cet exposé (sauf peut-être au moment de me lancer).
Préparation, présentation, attitude …. il fallait (essayer de,) maîtriser tous ces environnements.
Ensuite, c’est du “velours” qui laisse la place à l’interaction avec son “public” sans jamais le quitter des yeux.
Alors, oui …..
Passons nous de “Power Point” et revenons aux basiques.
Merci de m’avoir lu.
Bonne fin de journée.
Merci Jean-Christophe pour ce partage/retour d’expérience.
Oui le PowerPoint reste un outil comme les autres. C’est l’usage que nous en faisons en tant que formateur qui en fait un outil pédagogique : un outil au service de la pédagogique.
Il est donc toujours important de se fixer un objectif pédagogique lors de la réalisation d’un PowerPoint : est-ce-que le PowerPoint est un support de présentation ou un support de cours ?
Il est clair qu’un support de présentation ne va pas être réalisé de la même façon qu’un support de cours.
Je dirai qu’aujourd’hui la meilleure façon d’aider des apprenants c’est de les rendre acteurs de leur propre formation.
Le numérique offre plusieurs possibilités, des alternatives au PowerPoint qui pourraient permettre de co-construire le savoir avec les apprenants.
Il ne s’agit pas de mettre fin à l’usage du PowerPoint mais d’alterner en changeant, des fois, sa posture de formateur.