Comment sensibiliser les enseignants à la prise en compte du handicap dans leur cours ?

Posté par: Living Lab Sofa

Les enseignants ne sont pas toujours à l’aise lorsqu’ils doivent faire cours avec un apprenant handicapé dans leur groupe d’élèves. Peu ont été formés aux pédagogies inclusives, et ils ne savent pas toujours quelle position adopter pour prendre en compte le handicap.

Ne rien faire relève de la discrimination et surtout d’une grande injustice. Pourquoi une personne en situation de handicap n’aurait-elle pas accès à une formation comme les autres ? Rappelons, au passage, que tout le monde est susceptible, potentiellement, d’avoir un handicap à un moment de donné de sa vie…

Alors comment rendre les cours plus accessibles pour tous ?

« Ne pas s’en faire une montagne »

Comment faire pour sensibiliser les enseignants à la prise en compte du handicap dans les cours au Cnam ? Nous avons posé la question à Marie-Hélène Sainlez. Elle est formatrice au Cnam en Marketing, vente et commerce. Mais surtout elle réalise une mission dans le cadre d’un mémoire de Master Analyse de travail et développement des compétences sur cette question. Elle nous fait partager sa vision des choses : « Pour les salariés et pour les étudiants, il y a des situations où les personnes en situation de handicap ne peuvent pas suivre une formation classique parce les enseignants ne sont pas outillés ou parce que l’établissement n’est pas adapté. J’ai axé ma mission sur le handicap côté étudiant ; il s’agissait d’identifier les points sur lesquels on pouvait améliorer les process existants. J’ai ainsi travaillé sur la formation professionnelle en situation de handicap ». Plutôt que de regarder sur la toile, Marie-Hélène est allée à la rencontre des personnes en situation de handicap pour connaître les problèmes auxquels elles sont confrontées et comment elles les contournent ou solutionnent. De ces premières rencontres, il ressort qu’il existe beaucoup de « fantasmes » autour du handicap et qu’ils sont souvent mal connus. D’abord il existe une grande diversité de handicaps, mais surtout « on se fait une montagne d’une situation qui ne nécessite pas forcément beaucoup d’énergie ou d’outils pour que ça fonctionne ».

L’importance du dialogue

Ce qui semble important nous explique Marie-Hélène, c’est que s’instaure un temps de dialogue entre l’enseignant et la personne en situation de handicap, de manière à ce que chacun puisse s’exprimer sur ce qu’il peut faire pour que la formation se passe au mieux : « c’est important que chacun comprenne la situation pour s’adapter, l’apprenant handicapé, qui doit trouver des ressources pour suivre les cours dans de bonnes conditions et compléter les temps de formation, et l’enseignant pour adapter sa pédagogie ». Il ne s’agit pas de produire des ressources spécifiques, mais bien de produire des contenus à destination du plus grand nombre, apprenant handicapé ou non, tout en améliorant le confort d’apprentissage pour tous.

Concrètement…

Le Cnam a réalisé un dispositif de sensibilisation (pourquoi prendre en compte le handicap sensoriel) et de formation sur cette question (comment concevoir des ressources accessibles) http://tnc.cnam-ouest.net/projets/curel/

Concrètement, du point de vue de l’enseignant, cela peut signifier notamment donner ses supports de cours en amont, pour qu’un étudiant sourd ou malentendant par exemple puisse s’en imprégner et faire des recherches sur internet. Ecrire un peu plus gros au tableau ou sur écran pour les personnes malvoyantes. Il existe d’ailleurs des outils permettant de faciliter la lecture des tableaux, nous y reviendrons dans un autre article. Etre vigilant sur son débit de parole si un apprenant lit sur les lèvres ou a recours à des traducteurs. Etre vigilant enfin à varier les modalités pédagogiques afin de permettre à quelqu’un qui n’aurait pas compris avec une modalité de comprendre avec une autre, ce qui vaut par ailleurs pour tout le groupe puisqu’on sait que tout le monde n’a pas la même manière d’apprendre…

Sensibiliser les enseignants

Reste qu’il est difficile de sensibiliser les formateurs à ces pratiques. Marie-Hélène a pu constater qu’ils n’ont pas toujours le temps et l’envie « de retravailler leur cours pour une personne. Sans doute l’échange de pratiques entre enseignants et un dialogue accru entre personnes en situation de handicap et enseignant pourrait-il participer de cette prise de conscience ». Marie-Hélène a elle-même eu recours à des témoignages de stagiaires en situation de handicap dont elle a montré la vidéo à des enseignants. La prise de conscience permet de motiver à développer des pratiques inclusives : « le formateur s’adapte, l’établissement accompagne et l’apprenant apport des solutions, il faut qu’il y ait une rencontre entre ces trois protagonistes ».

Pour en savoir plus sur l’accessibilité numérique :

http://binaire.blog.lemonde.fr/2018/07/10/pourquoi-il-faut-developper-laccessibilite-numerique/#xtor=RSS-32280322

 

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