La solitude du formateur face aux transformations de son métier
Les formateurs sont parfois démunis face aux comportements de certains de leurs apprenants : il est parfois difficile de capter leur attention sur un temps long, les stagiaires ont tendance à aller se connecter sur Internet, ils sont parfois plus autonomes dans leur apprentissage et plus exigeants dans leurs attentes de formation. De même le développement du numérique change les modalités pédagogiques de transmission des compétences et la manière de faire cours.
Bref, le métier de formateur se transforme et nécessite de s’adapter. Or être enseignant, c’est souvent être seul chez soi au moment de la préparation. Si les intervenants du cnam connaissent bien leur domaine d’expertise, ils sont parfois un peu désemparés sur la manière d’animer leurs cours, de transmettre leur savoir.
Céline Lainé, formatrice dans la licence CVM, présente la méthode Lego for scrum à des collègues.
Les focus group : des temps de rencontres pour discuter pédagogie
Cela fait deux ans maintenant que le cnam des Pays de la Loire organise des rencontres entre enseignants spécifiquement consacrés à la pédagogie. Appelés « focus group » pédagogie et digital, ces temps de rencontre ont pour objectif de permettre aux enseignants de parler ensemble de pédagogie. A l’image d’un groupe de pairs, les enseignants sont invités à se retrouver trois fois par an, deux heures par séance, pour faire des retours d’expériences sur les difficultés qu’ils rencontrent dans leur pratique quotidienne et les réponses qu’ils mettent en place en pédagogie.
L’idée est de créer une communauté d’enseignants qui peuvent partager leurs doutes, trouver des réponses à leurs problèmes, découvrir de nouvelles pratiques ou d’autres outils (outil d’animation, de remédiation, de production, de collaboration) pédagogiques.
Accompagner le partage des pratiques pédagogiques…
Mais attention ! Il ne suffit pas de se réunir autour d’un café ou d’un jus de fruit pour faire une séance d’analyse et/ou de partage de pratiques utile, même si la dimension conviviale est très importante. On peut vite, s’il n’y a pas de régulation et de préparation de ces réunions tomber dans les clichés, du genre « les jeunes ne veulent plus travailler », « de toute façon on ne peut rien faire », voire l’incontournable « c’était mieux avant ».
Parmi les thèmes les plus demandés par les enseignants, on trouve souvent : « comment motiver les élèves ? », « Comment les faire participer ? », « comment choisir les bons outils numériques pour les intégrer dans sa pratique pédagogique ? » etc. Pour éviter de tomber dans une discussion de type « café du commerce », un ingénieur pédagogique prépare en amont la rencontre en sélectionnant deux enseignants dont il a repéré les bonnes pratiques. Lors du « focus group » pédagogie et digital, ces deux enseignants font part de leurs expériences devant leurs collègues. Ils présentent un scénario d’activité ou outil qu’ils utilisent pour renforcer la participation des élèves. Les collègues sont invités ensuite à faire part de leur expérience ou de leurs difficultés. Lors de ces temps d’échanges, « Il est très important, explique Jean Baptiste Bocar Diouf qui anime ces « focus groups », de trouver un équilibre entre l’apport d’outils pédagogiques et la discussion/échange entre enseignants. Ils viennent pour apprendre, mais ils ont également besoin de partager leur vécu en formation ». C’est pourquoi la présence d’un régulateur dans le groupe est importante.
Alexandra Noirault intervient sur les pédagogies actives qu’elle utilise dans des Unités d’Enseignement de Marketing.
Créer un climat favorable à la parole
« Un autre principe que nous avons retenu pour le déroulement de ces focus group, c’est de créer un contexte favorable à l’expression des participants. Il faut qu’ils se sentent bien », poursuit Jean Baptiste. C’est pourquoi nous organisons ces rencontres dans un espace de créativité adapté à la convivialité et commençons souvent la séance par un brise-glace. « Cette dimension est nécessaire si l’on veut créer une véritable communauté d’enseignants. Souvent ils ne se connaissent pas, et découvrent à l’occasion des focus group qu’ils partagent les mêmes difficultés et qu’il existe des moyens d’y remédier ». Les réunions ayant souvent le lieu soir ou le samedi matin, il est important d’apporter de quoi grignoter. L’une des difficultés tient d’ailleurs dans la mobilisation de ces enseignants qui ne sont pas toujours disponibles pour participer à ces réunions. Et pourtant les retours de ceux qui y participent sont largement positifs, comme en attestent ces deux témoignages ci-dessous.
Bonjour,
Je trouve le concept du Focus Group Pédagogique intéressant et suis partante pour y participer