Un brainstorming décalé et innovant, épilogue : 7 conditions de la réussite

Posté par: Living Lab Sofa

Le Living lab Sofa a décidé de disséquer 4 méthodes de brainstorming innovantes inspirées des méthodes du Design Thinking. Elles ont été utilisées lors du Cnamathon, le hackathon mis en place par le Cnam en Grand Est. Présentation de ces outils transposables en formation, et enseignements à en tirer. Après l’épisode 1 « les irritants », l’épisode 2 : la disruption, l’épisode 3 : la combinaison de termes, Episode 4 : la pensée latérale.
Il était temps de tirer quelques enseignements de cette expérience. Et notamment d’identifier quelques conditions qui favorisent la réussite d’un brainstorming. Ces conditions sont d’ailleurs valables plus largement en formation.

7 conditions pour réussir son brainstorming
La réussite une séance de brainstorming repose sur plusieurs piliers fondamentaux* :

  • Un petit groupe

Trop peu de personnes empêche l’émergence d’idée nouvelles, mais un nombre trop important de participants peut enliser la discussion. L’idéal est d’être entre 5 et 10 personnes. Ils étaient plutôt 5 à 6 lors du Cnamathon.

  • Un groupe motivé et divers

Mieux vaut avoir un groupe motivés car les séances de brainstorming demandent beaucoup d’énergie. Il faut souvent s’engager sur le plan cognitif mais aussi corporel et émotionnel pour être efficace. Le brainstorming doit donc être mené par des personnes qui ont à cœur de résoudre le problème ou de découvrir des idées. En cela la diversité des profils peut être un atout, sous réserve qu’il n’existe pas de rapport hiérarchique dans le groupe. Enfin il faut que les personnes présentes sachent ce que l’on attend d’elles. Les participants doivent s’approprier l’enjeu, avoir envie de résoudre le problème posé. C’était bien la nature du projet du Cnamathon et son sens qui a favorisé l’engagement des participants.

  • Des méthodes d’échauffement et d’animation

Des méthodes d’échauffement de type warm up ou ice breacker vont permettre de créer une dynamique de groupe et l’engagement des participants.
Les méthodes présentées dans les épisodes précédents offre différentes manières de formuler le problème et de générer des idées. Il en existe beaucoup d’autres, mais elles relèvent toutes de la même logique : se projeter dans le futur, faire des simulations, se mettre à la place de quelqu’un d’autre, faire des associations de mots…
Ces méthodes peuvent être cumulées, ce qui a été le cas lors du Cnamathon, dès lors qu’elles sont accompagnées par un facilitateur d’une part, et qu’à la phase de production d’idées succède des phases d’idéation, de sélection et de confrontation au réel.

  • Un espace de travail favorable à l’échange

L’espace de travail et les outils utilisés pour animer le brainstorming peuvent participer à cette motivation : salle adaptée, table en rond, paperboard, feutres, post-it, outil numérique de partage d’idées…

  • Un facilateur « accoucheur »

Le facilitateur à un rôle d’accoucheur : par ses questions ou la méthode choisie, il doit aider les participants à libérer leur créativité. Mais son rôle va au-delà :

  • il rappelle les objectifs, le périmètres, le problème (sans trop entrer dans le détail pour ne pas influencer les participants),
  • il explique les règles de fonctionnement (quantité avant la qualité, interdiction de critiquer, laisser parler les autres, etc.) et le cadre (temps d’échanges),
  • il adopte une attitude positive, énergique et bienveillante,
  • il rythme la séance et maîtrise le temps,
  • il gère le groupe en veillant à une répartition équitable de la parole, à l’absence de jugement ou de position dominante de certains membres*.

On trouvera ici un prolongement sur le rôle du facilitateur.

  • Des règles de non jugement

Deux règles sont importantes pendante la phase de production des idées : la règle du jugement différé et de la critique constructive : pour ne pas brider la créativité, il faut que les participants puissent s’exprimer sans risquer le jugement de valeur des autres. Tous les participants doivent pouvoir avancer leurs idées sans qu’elles soient commentées. On préférera donc le « oui et… » au « oui mais ». La quantité des idées qui prime avant la qualité dans le brainstorming. Pour faciliter l’expression de tous, on peut varier les modalités de production d’idées : alterner des temps à l’oral et à l’écrit, en travail individuel ou par petit groupe de deux ou trois, des phases ou l’on prend son temps et celles où les idées sont bombardées…

  • Une évaluation des idées

Si la plupart des formateurs n’hésitent pas à utiliser des brainstormings dans leurs cours, ils restent souvent à la phase de génération d’idées. D’abord parce que c’est la phase la plus ludique, et ensuite parce qu’il n’est pas toujours simple de faire le tri dans toutes ces idées. Et pourtant c’est dans cette phase finale que le brainstorming prend tout son sens. Il est important de filtrer et de discuter les résultats. A ce stade la créativité et la liberté laisse la place à des considérations plus raisonnées.
Dans le cadre du Cnamathon, les temps de brainstorming ont été suivis par plusieurs étapes (ici) qui ont permis de sélectionner une idée qui s’est transformée en projet réaliste et pouvant être mis en œuvre.
En formation, il faut souvent procéder de manière plus rapide, en tenant compte des objectifs pédagogiques du cours. Toutefois il peut être utile de faire le tri dans les idées générées, soit sur des critères de faisabilité, d’utilité ou de véracité scientifique par exemple. Il faut donc organiser une discussion ouverte avec l’ensemble des participants. Une des manières de faire est d’interroger les forces et les faiblesses de chaque idée (ou les points positifs et négatifs) en laissant au générateur d’idée la possibilité d’expliquer son cheminement.
Une autre méthode d’évaluation est la procédure d’exclusion. Les idées sont progressivement éliminées jusqu’à ce qu’il n’en reste qu’une. On peut aussi avoir recours à des systèmes de vote par les participants pour leur permettre de se prononcer sur les idées qui leurs paraissent les plus pertinentes. Par exemple les idées à éliminer peuvent être déterminées à l’aide d’un vote. Il existe de nombreux outils pour voter, le Living lab Sofa présentera bientôt un témoignage d’enseignant utilisant le dot voting.
Aujourd’hui, le brainstorming et les méthodes de Design Thinking sont de plus en plus utilisées dans l’entreprise. Le fait de les intégrer dans des activités pédagogiques permet aux apprenants, qui sont de futurs salariés, de se familiariser avec ces techniques de créativité pour une meilleure insertion professionnelle.

*Le + : Comment « gérer » un leader d’opinion dans un groupe ?
Dans certains groupes, vous pouvez identifier certaines personnes qui prennent davantage la parole que d’autres. Ces leaders d’opinion sont particulièrement actifs dans le brainstorming et risquent d’influencer les autres. Bien qu’un participant motivé soit d’une grande aide, une trop grande prise de parole de la part d’une seule personne peut démotiver les autres ou simplement les priver de la possibilité de parler. Si vous identifiez ce type de personne, vous pouvez éventuellement vous entretenir avec elle avant la réunion ou à la pause. Cependant, vous avez également la possibilité d’impliquer davantage les autres participants en coordonnant habilement les prises de parole. Plus vous en savez sur le groupe et ses leaders d’opinion avant le brainstorming, plus ce sera facile pour vous de bien le gérer.

*Cet article s’inspire d’entretiens avec le pilote et un facilitateur du Cnamathon, d’une relecture d’un expert en Design Thinking et d’articles du Net référencés ci-après :

https://www.journaldunet.fr/management/guide-du-management/1145930-brainstorming-definition-methode-exemple/

https://www.ionos.fr/startupguide/productivite/brainstorming/

 

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