Hélène Meyer, Ingénieure Pédagogique au Cnam des Pays de la Loire, a expérimenté l’animation d’un escape game numérique lors d’une formation de formateurs en présentiel. Retour sur cette expérimentation.
Living Lab : Pourquoi utiliser un escape game comme outil d’animation en présentiel ?
Hélène : Plusieurs intérêts. Tout d’abord, cela permet la révision d’une notion déjà vue en formation (ici la définition d’un objectif pédagogique) sous un autre format : celui d’une expérience ludique. Cela permet de renforcer ou de créer la notion de plaisir en formation, ce qui favorise la motivation et l’engagement.
De plus, cela permet de dynamiser le groupe, notamment en « période critique » après la pause déjeuner, moment pendant lequel les apprenants peuvent plus facilement décrocher et montrer quelques signes de fatigue. Par ailleurs, cela permet de montrer à ce public de formateurs l’utilisation du jeu en formation. Ils expérimentent eux-mêmes cette façon d’apprendre et découvrent en même temps les outils numériques qui y sont associés. Dans le cas de l’escape game numérique expérimenté, ils ont donc pu découvrir l’outil Genial.ly et Learning Apps.
Living Lab : Comment s’est déroulé cette activité ?
Hélène : J’ai tout d’abord déposé le lien du jeu dans le Digipad, qui est un espace en ligne contenant toutes les ressources et supports de la formation. Les apprenants ont ensuite été répartis en petits groupes de 2 ou 3 personnes , avec une personne désignée pour lancer le jeu sur son ordinateur. Une explication des consignes de travail suivie d’une présentation technique de l’univers du jeu a été faite puis les apprenants se sont connectés et ont commencé le jeu. Tout au long de l’expérience, j’ai adopté la posture de « maîtresse du jeu » en aidant les apprenants si besoin et en veillant à ce qu’ils ne se retrouvent pas bloqués. Une fois l’aventure terminée pour chacun des groupes, nous avons procédé à un débriefing de l’activité en revenant sur leurs ressentis et évidemment sur les différentes notions pédagogiques qu’il fallait se remémorer à travers le jeu afin de vérifier leur ancrage.
Living Lab : Quels ont été les retours des apprenants sur cette expérience ?
Hélène : Ils ont adhéré à cette activité pédagogique qui a intégré le ludique à travers l’escape game. L’expérience leur a plu et les échanges entre apprenants post expérience de jeu ont été pertinents. L’un d’eux a même proposé un escape game avec Genial.ly pour l’activité suivante de la journée qui consistait à proposer un exemple d’activité pédagogique.
Living Lab : Quels sont selon vous les conditions de réussite de ce type d’animation en présentiel ?
Hélène : En présentiel, il est préférable d’éloigner chaque groupe et de prévoir des tables bien séparées (ou plusieurs salles si possible) pour ne pas parasiter chaque groupe avec l’univers sonore du jeu et les échanges entre chaque groupe (afin que les groupes évitent d’entendre les commentaires des autres). De plus, il faut veiller à ce qu’au moins un membre du groupe soit à l’aise avec l’informatique : il faut manipuler et naviguer dans le jeu; une anxiété technologique viendrait donc parasiter cette activité et réduire le plaisir. Par ailleurs, la présence du formateur est nécessaire, il prend alors la posture de « Maitre du jeu », afin de ne pas laisser les participants bloquer sur un élément et de les guider pour continuer l’expérience. Enfin, il est important de noter que cette activité de jeu ne se suffit pas à elle-même pour un ancrage. En effet, un débriefing est indispensable pour échanger avec le groupe sur les notions vues pendant l’activité pour vérifier la bonne appropriation des connaissances.