Deux parcours de formation multimodaux ont été expérimentés chez Dalkia Froid Solutions, avec la collaboration du Cnam pays de la Loire, dans le cadre d’un programme France 2030. Ils ont chacun la particularité d’avoir été construit à partir d’une analyse de l’activité.
La première hypothèse posée fut la suivante : en quoi l’analyse de l’activité favorise-t-elle la construction d’un parcours multimodal de formation pertinent pour les apprenants ? Et quelle sera la place du livret de l’apprenant dans ce parcours ?
L’analyse de l’activité est basée sur des entretiens et des observations de professionnels au travail. Elle permet de mettre en lumière les différentes facettes d’une situation de travail : les différents épisodes, les aléas courants, les dysfonctionnements et obstacles rencontrés par les novices… Il en ressort des fiches-références liées à toutes les compétences mises en œuvre par un expert métier pour réaliser ces activités professionnelles. Nous sommes partis de ce matériau pour construire les parcours de formation multimodaux.
Si traditionnellement, les parcours de formation sont construits à partir d’un référentiel de compétences prescrites, l’analyse de l’activité nous a permis d’inclure dans les parcours des compétences liées à la réalité du terrain. Nous ne sommes donc pas uniquement restés sur des savoir-faire techniques, mais avons pu ajouter d’autres thèmes à aborder en formation : l’interaction avec les clients, le déploiement d’une organisation efficiente, la mise en sécurité d’un technicien… Pour chacun de ces thèmes, nous nous sommes interrogés sur la ou les modalités à mettre en œuvre.
Dans le cadre des deux premières expérimentations, nous avons réalisé plusieurs observations dont nous pouvons tirer de premiers enseignements :
- Les savoir-faire techniques doivent être traités en présentiel puis en AFEST, car la mise en œuvre d’une séquence AFEST nécessite d’avoir vu au préalable les compétences en formation
- Les compétences liées à la communication et à l’organisation du travail sont difficiles à mettre en œuvre en AFEST mais peuvent être traitées sous différentes formes en présentiel (jeux de rôle, études de cas…)
- La thématique de la sécurité se prête bien au présentiel mais également à l’AFEST pour faire le lien avec la réalité terrain
- La distance est propice aux retours d’expériences et aux thèmes de formation liées à l’écrit (écriture de mail, lecture de contrat, rédaction de compte-rendu…)
- Il est important de prendre en compte l’organisation du travail dans le choix de la modalité distancielle : dans le cas de Dalkia Froid Solution, il a été préféré une forme de classe virtuelle (synchrone) plutôt que des apports de contenus asynchrones, trop complexes à s’approprier pour un public toujours en déplacement
- Des temps de formation présentielle réguliers sont nécessaires pour la création d’un groupe apprenant.
Pour accompagner ces parcours, des livrets de formation ont été construits pour les apprenants et les formateurs AFEST. Ces livrets, distribués au format papier, présentent l’articulation et les compétences visées du parcours, et sont un support à la fois pour le positionnement des apprenants et pour garder trace de chaque séquence AFEST.
Suite aux deux premières expérimentations, les apprenants et les formateurs ont exprimé différents retours :
- Proposer deux livrets, un pour l’apprenant et un pour le formateur AFEST, est source de confusion. En effet, cela a amené de la complexité lors des séquences AFEST car les protagonistes ne savaient pas toujours sur quel livret noter quelles informations.
- Le format papier n’est pas le plus adapté. Cela nécessite de toujours l’avoir sur soi, et ne pas l’abîmer… ce qui n’est pas toujours compatible avec un métier manuel qui nécessite beaucoup de déplacements !
- Le livret est trop dense. Il contient un maximum d’informations (présentation de chaque module de formation, conseils, etc.) mais le nombre élevé de pages a pu paraître décourageant pour certains.
Lors de nos observations, nous avons également pu noter que le rapport à l’écriture manuscrite pouvait être compliquée. Certains apprenants n’ont pas l’habitude d’écrire sur du papier, ou sont mal à l’aise vis-à-vis de l’orthographe. Cet outil censé être facilitant pouvait parfois être perçu comme contraignant.
Suite à un sondage auprès des apprenants du parcours « Maintenance préventive et fluides naturels », seuls 57 % d’entre eux l’ont trouvé pertinent, contre 80% des formateurs AFEST.
Nous observons cependant un lien entre l’appropriation par le formateur et l’adhésion de l’apprenant. En effet, plus le formateur a compris l’intérêt du livret et s’appuie sur celui-ci lors des séquences AFEST, plus l’apprenant le consulte et l’utilise.
Malgré ces retours mitigés, il apparait indispensable de conserver un fil rouge sur l’ensemble du parcours par le biais d’un livret de suivi… à améliorer.
Extrait du livret – positionnement initial et final de l’apprenant
Extrait du livret – suivi des séquences AFEST