Les 7 et 8 décembre dernier, plus de 650 alternants ont vécu le Cnamathon, le Hackathon du Cnam Grand Est. Pendant deux jours, en simultanée à Mulhouse, Nancy, Reims, Strasbourg et Metz, ils se sont challengés en équipes pour imaginer et inventer les produits ou services innovants. Le thème de cette année : « bâtir l’expérience olympique de demain » !
Quels sont les intérêts pédagogiques d’un tel dispositif ? Le Living lab Sofa a rencontré Laurent Moreau, Responsable ingénierie pédagogique du Cnam Grand Est pour nous en parler.
Le concept du hackathon au service de la formation
Un hackathon est un évènement réunissant plusieurs participants pendant un temps délimité pour collaborer sur un sujet ou développer un projet. Le terme est issu de l’anglais « Hack » (s’introduire dans un système informatique) et du français « marathon » (sans interruption). Il a été imaginé par des communautés de développeurs informatiques qui se regroupaient pendant plusieurs jours pour développer des prototypes d’applications innovantes en mode collaboratif tout en faisant la fête ! Mais il peut aussi montrer beaucoup d’intérêts en formation.
Apprendre à coopérer entre filières différentes
Le hackathon est une méthode très utilisée par les entreprises pour innover et imaginer leurs évolutions, mais, comme le remarque Laurent Moreau : « on peut tout aussi bien transférer cette méthode en formation. C’est d’ailleurs à partir de ce constat qu’Aurélien Ferry, mon prédécesseur, a eu l’idée en 2017, de créer un Cnamathon au Cnam Grand Est. Le principe était de faire travailler ensemble des élèves de filières différentes autour d’une thématique commune. Cette thématique doit être assez large pour permettre à tous les participants de mettre en avant les connaissances de leurs spécialités, de leur métier, explique Laurent. Le fait de mixer les élèves de différentes filières permet une ouverture qu’ils devront avoir dans leur avenir professionnel : faire collaborer un ingénieur informatique et un expert des risques, un responsable des ressources humaines et un comptable par exemple ».
Développer des compétences transverses
Pour guider les élèves, les journées sont jalonnées de “workshops” afin de découvrir les techniques de créativité, apprendre à déterminer un Business Model Canvas, matérialiser leur innovation et apprendre à la présenter. « L’enjeu de ces deux jours, précise Laurent, c’est de s’amuser, mais aussi de développer leurs compétences transverses. En passant dans les différents ateliers, les élèves développent des compétences de créativité, de coopération ou de communication. Ils apprennent des méthodes et des outils qu’ils pourront réutiliser dans leur activité professionnelle plus tard ». On retrouve ainsi l’intérêt de la pédagogie par projet.
Les équipes sont composées de 5 à 7 alternants et coachées par des facilitateurs les guidant pendant les ateliers jusqu’aux livrables finaux. « 20 enseignants ont été formés en amont du Cnamathon. Nous avons créé une salle sur Moodle, qui permet de centraliser l’ensemble des ressources, ils y déposent leur pitch”, précise Laurent.
Se constituer un réseau
Le Cnamathon est l’occasion de mélanger les promotions pour croiser les compétences mais aussi de se constituer un réseau, y compris avec les promotions des autres centres du Cnam. « Concrètement, explique Laurent, nous mettons en place un écran tactile dans chaque centre où les élèves peuvent communiquer entre eux. Nous avons ajouté des challenges de partenariat avec une équipe d’un site voisin. Ils doivent s’associer pour faire un teasing sur les réseaux sociaux, Instagram, TikTok… Ils doivent aussi réaliser un sondage pour savoir comment est perçu leur projet… » Cela permet à la fois de prendre conscience qu’il y a d’autres promotions dans les autres sites, et de se constituer potentiellement des réseaux de connaissances pour leur futur recherche d’emploi.
Se former au pitch vidéo
À la fin de ces deux jours, chaque équipe réalise et met en ligne un pitch ainsi qu’un résumé opérationnel du projet. Ils doivent également repérer des entreprises susceptibles de parrainer leur initiative. Les projets sont ensuite départagés par un jury de professionnels qui évalue les pitchs au travers de plusieurs indicateurs (intérêt du projet, dynamisme, respect du sujet, ressenti personnel, respect du temps).
Des élèves lors d’un atelier du Cnamathon en 2023.
Le plus de cette édition 2023 ?
Nouveauté cette année, les alternants ont la possibilité de valider les compétences acquises à l’occasion de cet évènement. « Les participants peuvent s’ils le souhaitent réaliser un récit de cette expérience, explique Laurent, et valider une unité de 3 ECTS intitulée “Créativité et Innovation” , l’USMP 08 ». Cette UE vient s’ajouter à leur cursus.
En résumé, beaucoup d’apprentissages sont réalisés à l’occasion de cet évènement, alors… à quand un Cnamathon national ? « Il faudrait réussir à caler les agendas ! » s’exclame Laurent en riant !”