Une salle de créativité est un espace de formation ou de travail en groupe modulable, confortable, et souvent original de par son mobilier, son équipement, ses couleurs ou son agencement.
Cet espace doit permettre la mise en œuvre de pratiques pédagogiques innovantes : pédagogie par projet, design thinking, brainstorming, ateliers de créativité… Il favorise le travail collaboratif, les interactions et l’implication de chacun des participants.
Il se caractérise notamment par la modularité liée à son mobilier mobile (chaises, tables, panneaux acoustiques) et à ses multiples supports d’écriture (tableaux blancs, murs Velléda, tables ou écrans connectées…).
Toutefois disposer d’un espace aménagé de manière originale ne suffit pas pour faire de la pédagogie innovante ! L’enseignant doit aussi mobiliser des techniques d’animation adaptées pour exploiter au maximum les possibilités d’une salle de créativité.
Le Living lab Sofa a donc mené l’enquête. Il est allé observer des enseignants et les élèves occupant les salles de créativité pour étudier comment ils se les appropriaient.
Premier constat, les enseignants n’utilisent pas toujours les salles de créativité dans toutes leurs possibilités. Si le travail en sous-groupe est très courant, si les tableaux blancs sont bien utilisés, les techniques d’animation font parfois défaut.
Le living lab Sofa a toutefois pu repérer 4 bonnes pratiques qui utilisent pleinement les possibilités de l’espace de créativité. Nous les partageons ici, en renvoyant à chaque fois à des fiches pédagogiques plus détaillées sur la technique d’animation elle-même.
Pratique 1 : Le world café
Un classique de l’animation pour générer des idées. Facile à organiser, cette méthode reproduit l’ambiance d’un café dans lequel les participants débattent d’une question ou d’un sujet en petits groupes autour de tables. Raphael, étudiant en ergonomie nous raconte : “nous devions réfléchir à des améliorations de la sécurité dans un atelier de production, et l’enseignant a utilisé cette technique pour nous faire générer le maximum d’idées. Le passage de table en table nous a permis d’envisager tous les cas de figures et de faire un inventaire assez complet des solutions à mettre en œuvre”.
Pour en savoir plus : fiche pédagogique du world café
Pratique 2 : le débat mouvant
Très utile pour ouvrir ou dynamiser une séquence de formation. Le débat mouvant est une forme de débat qui permet à chaque participant de prendre position physiquement par rapport à une affirmation portant à débat en se plaçant d’un côté ou de l’autre de la salle (“d’accord” ou “pas d’accord”). Léonie l’utilise pour aborder les questions de lutte contre les discrimination dans son cours sur les ressources humaines. Il est particulièrement adapté pour traiter des questions controversées ou complexes. “je pose des affirmations telles que : “les femmes sont différentes des hommes” ou “quelque soit mon handicap, il aura des conséquences sur mon quotidien de travail”, et je laisse d’abord les participants se positionner et s’exprimer, puis j’apporte des connaissances qui vont permettre de dépasser les représentations qu’ils ont énoncés. C’est une très bonne manière de dépasser les stéréotypes”. Et les apprenants en redemandent : “Ce que j’aime, c’est que cela nous mets en mouvement, c’est un gros bazar au début, mais cela nous oblige à réfléchir par nous même, à nous positionner, et éventuellement à changer de position”, explque Audrey qui vient de participer à ce débat mouvant.
Pour en savoir plus : fiche pédagogique du débat mouvant
Pratique 3 : la classe renversée
Le rêve des enseigants ? Il s’agit d’une pratique pédagogique où les élèves vont construire eux-mêmes le cours. Cette pratique va plus loin que laclasse inversée où les ressources sont misesà disposition des élèves en amont des cours. Ici, les élèves n’ont pas de supports, juste les grandes thématiques sur lesquelles ils doivent travailler. Ils vont donc construire le cours en totalité (architecture et contenus) sous la guidance du formateur. “Au début on trouvait cela un peu limite que le prof nous demande de construire le cours à notre place, s’eclament Camille et Albane, et en fait on s’est pris au jeu. On a fait des recherches et on a produit quelque chose dont on est fiers ! Même si évidemment, ce n’était pas complet, et que le prof a dû faire des compléments”. Mais ce que notent surtout les élèves, c’est l’importance de l’organisation de l’espace pour ces temps de production en petit groupe : “C’est important d’avoir un lieu où l’on se sent bien, explique Camille, où l’on peut facilement s’isoler des autres groupes, partager sa recherche en la projetant sur un écran”. “Oui c’est important ce côté cocooning du lieu, renchérit Albane, cela favorise notre créativité”.
Pour en savoir plus : fiche pédagogique de la classe renversée
Pratique 4 : le dot voting
L’apprentissage de la démocratie. Il s’agit d’une technique de vote très rapide pour prendre des décisions en groupe sans perdre de temps. C’est est une méthode de prise de décision agile. On l’utilise pour prioriser des idées ou des propositions et, le cas échéant, pour choisir les solutions les plus populaires à mettre en place. C’est Henri-Philippe qui nous a fait la démonstration de la pertinence de cette méthode, à l’occasion d’un de ses cours en organisation sur la conduite de projet : “les élèves ont travaillé sur plusieurs projets d’organisation dans le cadre d’un de mes cours cours sur l’entreprise. Je leur ai donc demandé de les pitcher pour les présenter à l’ensemble du groupe et de choisir le projet qu’ils trouvaient le plus pertinent. Pour se faire, nous avons utilisé le dot voting qui est finalement l’outil le plus rapide pour prendre une décision collective. Les projets étaient résumés sur le mur et les élèves se déplaçaient pour voter. Et là, pas de contestation possible !”.
Pour en savoir plus : fiche pédagogique du dot voting